Elle est placée sous le vocable de saint Rémy. C’est un édifice au plan rituel très régulier : nef flanquée de deux collatéraux, transept à deux croisillons et chœur. Longueur 27 mètres, largeur de la nef 12.
La construction d’aspect assez modeste déçoit par l’absence de clocher en dur et elle étonne par la hauteur du chœur et du transept. Elle est l’œuvre de deux époques très distinctes : la nef et ses bas-coté du XIIe siècle sans caractère et qui sont couverts de lambris, le reste du XVIe siècle haut et vouté de pierre.
L’histoire qui en général omet de venir en aide à l’archéologie, nous apporte ici une précision intéressante, on la doit au johanniste De Louen qui fait savoir que c’est le fameux abbé de Saint-Jean, Jean de Lafontaine qui, plein de reconnaissance de ce qu’il avait reçu le Saint Baptême dans la paroisse de Louâtre, fit orner cette église, en fit voûter chœur, et aurait achevé la nef si la mort ne l’eut pas prévenu ».L’archéologie à son tour vient l’affirmer par le millésime 1551, placé d’abord côté de 1’épître, puis à l’opposé en chiffres romains cette fois, suivis d’initiales énigmatiques C D P M.
Bien signées sont ainsi ces parties aériennes et élégantes, celles du chœur avec les trois longues fenêtres géminées (groupés par deux) encore flamboyantes, comme celles du transept Nord, tandis qu’au Sud les baies adoptent l’austérité Renaissance.
Le désir du mécène était d’étendre l’ambiance de coquetterie à toute la nef qui abritait les paroissiens. Pour le faire on entreprit de retailler les piliers romans et de moulurer les arcades. Pareil travail avait été effectué à Villers-Hélon, mais il demeura inachevé ici, de Louen nous en a donné le motif.
Depuis le XVIe siècle, l’église a enduré plusieurs réfections : celle de L. Boulangé et F. Boivin de 1603 qui tinrent à peindre leurs noms dans la nef.
Tout l’intérieur a été ravalé en 1876 par l’abbé Lobgeois qui en plus avait remplacé l’ancien autel retable par un édicule de pierre dû à Charles Gilbert, l’artiste d’Eméville de grand talent. Les bombardements de 1918 avaient causé de grands dégâts, notamment aux voûtes, le classement M. H. de 1921 permit de remettre tout en état primitif mais ne rendit pas les souvenirs mobiliers disparus. Ceux-ci étaient les vestiges de beaux vitraux qui portaient la date de 1558, la noble cloche de 1569, ornée de sept figurines de saints et saintes, une des plus anciennes du diocèse. C’était la seule des deux que la Révolution avait laissée, elle fut emportée par les Allemands. Jacqueline, Jeanne, montée en 1928 la remplace, elle a eu pour parrain et marraine M. Jean Maurice et Mlle Jacqueline Viélet.
L’église en somme n’a gardé que ses deux bénitiers creusés dans de gros chapiteaux aux nervures cisterciennes ; ce sont des épaves de Longpont comme on en rencontre tant, mais qui ici ont trouvé une affectation liturgique.
D’inscriptions tumulaires (relatif aux tombeaux) il n’en est plus, par contre du cimetière, on peut suivre autour du chœur et transepts les traces des litres ou ceintures funèbres qu’on peignait de noir lors du décès des seigneurs. Vingt-huit traces d’écussons, d’aucuns se superposant peuvent se deviner.
© Fédération des Sociétés d’histoire et d’archéologie de l’Aisne. Mémoires. Tome XIV, 1968