Derrière le monument au mort, il y a une stèle avec une plaque rappelant les combats en 1918 autour de Louâtre.
A la mémoire du sergent Dudley Gilman Tucker.
Volontaire américain à l’escadrille SPAD A5 Groupe 13, tombé glorieusement dans ce voisinage en combattant contre six avions ennemis le 8 Juillet 1918.
Il a donné sa vie pour la liberté.
Cette tablette a été placée par sa mère qui est fière de lui.
Mais qui est le Sergent Tucker ?
Dudley Gilman Tucker, né à New York le 7 avril 1887, diplômé de l’Université de Havard en 1907, il a fréquenté la Columbia Law School avant d’abandonner ses études pour travailler 5 ans pour l’American Book Company, éditeur de livres éducatifs et scolaires où exerçait son père.
Passionné de mise en scène, il devient à l’issue de cette période directeur commercial des Washington Square Players, société newyorkaise de production théâtrale. Attiré par le théâtre traditionnel asiatique, il programme avec un ami, Austen « Billy » Parker, un séjour en Chine et au Japon en 1917. Toutefois, dans l’impossibilité de trouver le passage sur l’un des navires transitant par le canal de Panama, les deux hommes modifient leur périple pour la découverte des ruines de la région du Darién.
Mais la guerre en Europe fait rage. Dudley Tucker ne demeure pas insensible aux appels aux volontaires pour combattre en France. Aussi il embarque du Brésil pour rejoindre Bordeaux afin de s’engager, le 28 mars 1917, dans la Légion étrangère. Quelques semaines plus tard, il est transféré au Lafayette Flying Corps, escadrille financée par de riches donateurs américains.
Du 22 mai 1917 au 26 janvier 1918, il est en formation aux écoles d’aviation d’Avord, à Pau et au Plessis-Belleville. Breveté pilote (sur avion Caudron) jugé habile et courageux au combat, il est promu caporal le 30 septembre 1917. Le 28 janvier 1918, il est envoyé au front, affecté d’abord à l’Escadrille Spad 74, puis transféré au Spad 15. En juin, il est promu sergent.
Le 8 juillet 1918, Sergent Tucker et quatre autres pilotes patrouillent entre Soissons et Château-Thierry. Soudain ils distinguent une dizaine* de Fokkers allemands fondre sur deux avions de reconnaissance français. Après un bref combat aérien quatre avions de l’escadrille retournent à leur base, à Chaudun. Tucker manque à l’appel. Il sera porté disparu.
L’épave de son avion aurait été retrouvée dans un champ, le long de la route de Longpont ou sur le champ de bataille à Vierzy (les registres allemands sont imprécis sur la localisation). Il serait mort des suites de ses blessures. Enterrés dans un cimetière à Chacrise, ces cendres seront transférées au cimetière militaire américain de Seringes-et-Nesle, puis, en 1922, au Mémorial Lafayette (Marne-la –coquette, département des Hauts-de-Seine). A titre posthume il sera décoré de la Médaille militaire et la Croix de guerre.**
* Les informations diffèrent selon les sources. Ce nombre varie de 6 (sur le site www.picardie1418.com) à 10 ou même 15 (« Like a thunderbolt » Air Force Sixtieth anniversaires, de Roger G Miller- « La Fayette Fling Corps », de Dennis Gordon – Atgen 2000.)
** Le 28 octobre 1918, l’Escadrille Lafayette sera citée à l’Ordre de l’Armée après approbation du Général Commandant en chef des Forces Expéditionnaires américaines en France et le Général Commandant en Chef des Armées françaises du Nord et du Nord Est, Philippe Pétain.
Merci à Gilles Curchod pour ses recherches
Pour en savoir plus :