Le manoir – ancienne petite ferme ou le fief du Désert.

C’était en réalité le fief du Désert, ainsi dénommé en 1647 dans les titres de Hugues de Hauston, seigneur de Louâtre et de la Falaise, qui avait succédé à Baptiste de Hauston dans la première décade du XVIe siècle. Le dénombrement qu’il présente en 1647 ajoute à ses titres le fief du désert, ceci porte à croire que sa famille en avait bâti le manoir. Puis acquis par Jean Simon -5e maire triennal de Soissons de 1680 à 1682. Il acheta à une date qui suit 1674 au sieur de Plessis, la seigneurie principale de Louâtre avec sa maison seigneuriale, ses dépendances territoriales et tous les autres droits féodaux. Il acquit encore le fief du Désert converti « en petite ferme », mais peut-être faut-il le confondre avec cette autre acquisition de 1684 qui comprenait la part seigneuriale échue à Garges-Noroy et sa ferme.

Les bâtiments d’exploitation dont la disposition se lit sur l’atlas cadastral de 1835 disparurent vers 1900. Dès lors le logis demeura seul, s’acheminant vers une déchéance complète jusqu’au jour où M. Jean Roudault entreprit de le rendre à l’honneur (1956).

Des caves plus anciennes, qui se rattachent à l’annexe du logis, font penser que celui-ci a succédé à un autre.

Il est d’une date à peine antérieure au pavillon d’Estrées et se caractérise par trois particularités :

– Sa petitesse et sa sobriété, il est à l’échelle du plus humble gentilhomme de campagne, qui malgré tout conserve quelque fierté de sa condition.

Il se réduit à deux salles au rez-de-chaussée et à l’étage. Chacune d’elles était chauffée par une cheminée adossée aux pignons.

– L’apport de quelques éléments Renaissance sur la tourelle à vis ; la porte avec son fronton, les moulures du bandeau et de la corniche.

A remarquer sur le logis, le chanfrein des croisées de pierre qui se poursuit sur le linteau, suivant un dessin peu commun.

– Soucis de sécurité. Le seul accès était celui de la tourelle hexagonale (haute de 9 mètres), il se trouvait défendu par un moucharabier porté par deux mâchicoulis. Les fenêtres étaient rares (on les a multipliées en 1956). Ces mesures de défenses, bien que précaires, rappellent l’insécurité du temps ; les menaces de Charles Quint et les guerres de Religion.

Nous n’avons connu qu’une seule cheminée (celle de gauche) sa hotte en mitre est supportée par une plate-bande en anse de panier, qui est timbrée d‘un écusson martelé avec diadème. En 1885, lorsque le manoir servait d’habitation au berger de la ferme les quatre étaient en place ; la plus curieuse n’avait pas de côtés, deux colonnes octogonales à chapiteaux, avancées dans la salle portaient le manteau.

Dans les années 60.

Les manoirs des XVe et XVIe siècles sont encore nombreux dans nos villages, le Désert est un de ceux qui en marquent la dernière période, ses caractéristiques sont assez rares, elles en font tout l’intérêt.

Si l’on tient compte de la pluralité des hobereaux qui fréquentèrent Louâtre, un autre mamoir, aujourd’hui disparu pourrait s’admettre.

Ses vestiges en 1885 semblent se déduire de quelques lignes de la monographie d’instituteur, elle signale dans le pignon d’une autre petite ferme une « fenêtre en ogive » et sur le pignon, contre la cheminée, la statuette haute de 0,60 à 0,70 d’un animal probablement un Lion ; il s’agissait évidemment d’un pinacle du début du XVIe siècle du genre de celui qui subsiste au manoir-ferme de Vouty.

© Fédération des Sociétés d’histoire et d’archéologie de l’Aisne. Mémoires. Tome XIV, 1968

Avant la guerre 14-18.
Au début des années 50.
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